lundi 1 août 2011

Même s'il est trop tard pour t'écrire...

Tante Odette,

Début Juillet, lors de notre dernière rencontre, je t'avais proposé de venir passer un peu de temps à la maison en Août. Je pensais qu'une petite virée à la campagne au milieu des enfants, des chats, des chèvres, t'aiderai à retrouver la forme, à rallumer cette petite flamme que je ne voyais plus au fond de tes yeux... A ma grande surprise tu avais répondu "oui, pourquoi pas, on en reparlera quand tu rentreras"...
Hélas, le rendez-vous est manqué. A l'heure où mon avion se posait dimanche, tu t'envolais à ton tour pour un voyage qui t'emporte loin de nous...
Tu nous a quitté comme ça, sans faire de bruit. Sans faire de bruit non plus les souvenirs sont remontés, multitudes de bulles qui sans crier gare éclatent donnant à ce jour particulier une couleur étrange qui oscille entre pâleur et éclat... La tristesse et le chagrin sont là, mais comment ne pas sourire, rire même, en évoquant tous ces moments partagés avec toi. Bribes d'enfance, Saint Nicolas, Sainte-Adresse, le dispensaire et les seringues qui paraissaient si grosses à la petite fille que j'étais...

Ce qui est surprenant et déconcertant c'est que tu nous a quitté alors que nous venions de passer deux semaines de vacances où entre cousins nous avons très souvent parlé de toi, évoqué nos souvenirs communs ou personnels, souvenirs d'ados pas toujours d'accord avec les règles imposées par Grand-mère et toi, des bêtises que nous pouvions faire...
Des cartes postales pleines de notre tendresse de neveux et nièces sont parties pour te dire notre amour, mais tu ne les liras pas, hélas...

Tout ce que tu avais commencé avec nous, tu l'as continué avec nos enfants. J'entends encore le bruit des roues du landau de Paul que tu faisais rouler longuement pour calmer ses cris du soir, afin que nous, les jeunes parents épuisés, puissions nous reposer...
Je revois aussi les heures que tu passais avec les plus jeunes devant les jeux de société, les smarties distribués aux enfants méritants...
Tous ces noël partagés... Ta difficulté parfois à t'habituer au mode de vie agité de nos ados, à leur langage pas toujours très policé, mais jamais tout ceci n'a entamé l'immense tendresse que tu avais pour eux, ni le plaisir que tu avais à suivre l'évolution de leurs vies. Ils étaient tous présents dans tes pensées, en témoignent les nombreuses photos dispersées dans ton appartement.

Quand je venais te voir, je souriais à t'entendre me parler de tes voisins, de telle personne malade, de telle autre qui était décédée, tu le savais car tu avais observé les allers et venues des infirmières, des médecins...
Hélas aujourd'hui tu ne peux plus surveiller tout ça, et c'est toi qui a fait un pied de nez à ceux qui t'aiment en les quittant comme ça, sans faire de bruit...

Les souvenirs sont là... et si tu nous manques déjà beaucoup, ils te rendent pour toujours vivante en chacun de nous...

Corinne

1 commentaire:

  1. Tres emouvant, je me retrouve dans tout ce que tu ecris....

    RépondreSupprimer

Hello !
Merci d'avance pour votre commentaire... Désolée pour le petit jeu de "vérification de mots", mais des spams empoisonnent mon blog depuis quelques temps, c'est la seule solution pour éliminer les robots...